Un Livre triste mais passionant sur l'histoire de la Chine.
La quatrième de couverture : Un premier roman
magistral au style lancinant, hypnotique, qui restitue de manière crue et réaliste la terreur ordinaire dans la Chine post-maoïste, par un des nouveaux talents de la scène littéraire
internationale.
À l'aube du 19 mars 1979, la petite ville de Rivière-Fangeuse est en ébullition : après dix ans de
prison, Gu Shan, une ancienne garde rouge, va être exécutée. Son crime ? Avoir douté du parti. Et la mort n'est pas le pire de ce qu'elle va devoir subir.
Cet événement va
avoir des répercussions sur ses concitoyens : le professeur Gu, son père, un intellectuel qui se réfugie dans le passé pour échapper à un monde qu'il ne comprend plus, et son épouse, jusque-là
humble et soumise, qui va relever la tête pour défendre sa fille ; Bashi, un adolescent tourmenté qui noue une relation improbable avec Nini, une petite infirme affamée ; Kai, voix officielle du
parti, qui va sacrifier famille et carrière pour l'amour d'un dissident ; et bien d'autres...
Cruauté d'une société déboussolée, ou l'idéologie marxiste n'a pas effacé les vieilles superstitions, ou les
liens familiaux sont rongés par la misère et l'endoctrinement, ou l'implacable machine à décerveler n'en finit plus de broyer les individus qui tentent de résister.
Mon avis : On commence par la condamnation à mort de Gu
Shan, ancienne garde rouge, et autour d'elle se tisse différentes histoires passées, présentes, autour des personnes qu'elle a connues, autour des gens qui se retrouvent lors de son exécution.
Des portraits et des situations très différents qui dressent une peinture de la Chine post-maoïste assez terrible et cruelle.
C'est un roman assez triste et émouvant, les personnages rencontrés au cours de la lecture ont tous un passé
triste et difficile. Et, l'espoir n'apparaît pas comme une chose auquelle les personnages pourraient se raccrocher. Ils ont des rêves qui les font plus souffrir que plaisir. C'est un récit
poignant. On se prend d'affection pour ces personnages qui aspirent à des choses simples mais où tout se complique car ils se heurtent à une machine politique bien plus puissante, une histoire
d'amour, un enterrement : tout est complexe.
L'écriture est magnifique, je lui trouve beaucoup de poésie malgré un monde assez pitoyable qui peut être
décrit. Certaines phrases sont très belles et j'ai particulièrement aimé le professeur Gu qui émaille ses conversations de proverbes ou de contes.
J'ai littéralement dévoré ce livre, on a envie de savoir ce que deviennent ces personnages. Chacun lié à la
condamnation de Gu Shan, on ne sait jamais si on a pitié des personnages ou si dans l'instant qui va suivre, on ne va pas comprendre leur comportement et finalement les haïr. Tout est assez
instable, rien n'est jamais acquis, les personnages se transforment comme la nature change finalement en ce printemps.
C'est aussi un roman historique. L'histoire nous fait réfléchir et certes nous montre une Chine cruelle où
les parents paient la balle qui va tuer leur fille mais l'horreur peut aller encore plus loin. Les personnages ont du mal à exprimer leurs sentiments dans cette société qui les bride et souvent
je les trouve assez durs envers les autres.
Un livre intéressant qui se lit rapidement mais aussi et surtout un livre triste et poignant.
Livre lu dans le cadre du challenge organisé par Calypso, le mot était "jour".
